Tout d'abord, en parapsychologie on parle souvent de pluridisciplinarité, et si elle apparaît quelque part, c'est bien dans ce domaine. Cela dit, nous nous limiterons à un descriptif de l'usage de l'électronique, ce qui permettra tout de même d'aborder quelques idées spécifiques de cette recherche.
Mais d'abord, il ne sera sans doute pas inutile de définir ce qu'est la parapsychologie.
Dans le grand "fourre-tout" du paranormal, on trouve une belle série de bizarreries, telles que "le triangle des Bermudes", "l'ufologie", "les médecines douces", "le Yéti", la "parapsychologie", etc., etc.
Ce "grand sac" est bien pratique aux charlatants pour
escroquer, ou aux "debunkers" pour dénigrer
obstinément. Mais bien que l'ufologie puisse être un
sujet honorable, elle n'a rien à voir avec l'astrologie ou
avec la parapsychologie.
Pour
se définir en tant que recherche scientifique, la
parapsychologie a besoin de définir son objet d'étude.
On passera sur l'historique, pour en arriver à la
définition suivante : "les objets de la parapsychologie"
L'objectif du chercheur sera de se demander ce que représentent ces objets, leurs réalités objectives, leurs caractéristiques ou leur rattachement à des objets déjà connus dans d'autres domaines de la science.
Nous allons donc aborder ponctuellement la méthode expérimentale appliquée à ces objets, au moyen de quelques outils.
On imagine généralement la télépathie au travers d'événements de la vie courante, tels qu'une communion de pensée entre un enfant et son parent ou le fait de penser à quelqu'un et que celui-ci se présente à cet instant, physiquement ou au téléphone par exemple. Nombre de témoignages existent à propos de jumeaux dont l'un ressent une douleur alors qu'à son insu l'autre se trouve accidenté. Ce sont là des cas "de terrains" souvent difficiles à appréhender in situ. Sur la base d'une observation dans la nature, il est donc pratique de reproduire le phénomène dans des conditions maîtrisées pour mieux l'étudier.
Certains
ont tenté cette réplication, comme par exemple le Dr
Thouvenin (1978). Celui-ci, après avoir épluché
les publications, a tenté de voir si lorsqu'il faisait subir
un stress à un lapin, un autre lapin de la même
porté pouvait en recevoir une information. Il a donc
séparé 2 lapines de manière qu'elles ne puissent
pas communiquer entre elles.
Chacune étant équipée d'un capteur permettant de
les enregistrer en photopléthysmographie. Le Dr Thouvenin
indique que cette "méthode est basée sur la
corrélation entre les variations d'irrigation sanguine d'un
tissu et les variations de son opacité par transillumination
mesurée par cellule photoélectrique. Cette
méthode est applicable chez l'homme au doigt et au lobule de
l'oreille." Pour exemple, pour certains essais, les stimuli
utilisés consistent pour partie en un stress naturel (les
lapines sont emprisonnées), et de coups de sonnettes.
Le Dr Thouvenin en arrive à la conclusion : "Ce travail n'a la prétention que d'être un travail d'approche. Les résultats sont significatifs dans 2 séries sur 4, laissant à penser qu'un lien "télépathique" peut exister entre 2 lapins de la même portée, ayant toujours vécu ensemble, et se traduisant par une correspondance à moins de 5 secondes près de certaines réactions physiologiques caractéristiques du stress."
Une
autre expérimentation demandant la réalisation d'un
matériel spécifique a été conduite
à Toulouse par le Dr. Bernard Auriol.
Il s'agit d'une expérience de télépathie de
groupe. Son objet était de déterminer si un
phénomène de télépathie apparaît
entre un groupe d'"émetteurs" et un groupe de
"receveurs", ainsi que les rapports éventuels entre
les participants pris 2 à 2.
Outre
l'utilisation d'un logiciel spécifique réalisé
à cette occasion, il fallut réaliser un matériel
électronique adapté permettant la saisie des
réponses des "receveurs", et leur routage vers
l'ordinateur de traitement.
Une autre technique appliquée à la télépathie est appelée le Ganzfeld. Il s'agit là plutôt d'une "technique psychologique" utilisant des moyens courants tels qu'un circuit fermé de télévision, du "bruit blanc" fourni, par exemple, par un poste radio calé entre 2 stations. Les processus mentaux d'une personne sont soumis à une multitude de stimuli extérieurs et de filtres psychologiques. On peut raisonnablement penser que ces parasitages et ces protections sont autant de barrières à la prise de conscience d'informations télépathiques. La technique du Ganzfeld consiste donc à installer confortablement la personne "réceptrice", dans un environnement lumineux uniforme et un environnement auditif neutre. Les stimuli extérieurs, agressifs, ou susceptible de nécessiter un "décodage" d'informations n'étant plus présents, les barrières mentales tendent à s'amoindrir, voire à disparaître. L' "émetteur" se retrouve quant à lui dans une pièce éloignée, devant un poste de télévision sur lequel il peut voir le "receveur". Il lui est fourni une photo choisie aléatoirement et qu'il est seul à connaître. Il va alors tenter de transmettre les informations de la photo par les sensations qu'elle lui inspire, voire en simulant des actions, et toujours en voyant les réactions et en entendant les commentaires du "récepteur" qui n'arrête jamais de décrire ce qu'il ressent ; permettant ainsi à l'émetteur d'ajuster son comportement. Lorsque l'essai prend fin, le discours du "receveur" est analysé et il lui est demandé de choisir la bonne photo parmi quatre proposées. Ceci permettra d'établir une analyse quantitative par la statistique.
Une possibilité de tester la précognition consiste
actuellement à utiliser un réflexe psychologique ; les
"réactions à l'agression". Pour rester
succinct, il s'agit de présenter à un sujet des photos
à forte charge émotionnelle (par exemple),
entremêlées d'images apaisantes, selon une série
aléatoire. Cette procédure est utilisée dans
d'autres expérimentations de la psychologie classique. En
fixant des électrodes sur deux doigts du sujet, il est
possible d'enregistrer les fluctuations de conductivité au
niveau de la peau :l' "activité
électrodermique". L'aspect important est qu'il s'agit
d'analyser la différence de l'activité
électrodermique avant les photos émotionnellement
chargées avec l'activité électrodermique avant
les photos neutres.
L'activité électrodermique après la
présentation de la photo permet de déterminer la
justesse du "pressentiment". Dans un ouvrage récent,
Dean Radin présente un graphique explicite :
La distinction (statistiquement significative) des 2 courbes " avant " le stimuli met en évidence une anomalie ( la précognition ? ).
L'un des modèles cherchant à comprendre le fonctionnement de la psyché est le dualisme. Cette approche postule que le psychisme et le monde physique sont distincts et qu'on ne peut pas les réduire l'un à l'autre. Selon le neuro-physiologiste John Eccles (prix Nobel de médecine, 1963), l'esprit scanne en permanence les activités du cerveau, interprétant continuellement des millions d'événements neuronaux se passant à chaque instant. Le monde psychique et le monde physique entretiendraient ainsi des échanges permanents par le biais de ce qu'on pourrait nommer un effet PK. Selon les psychologues Thouless et Wiesner, le psi serait une extension de ces interactions entre esprit et cerveau. Ainsi, au lieu d'interagir avec son propre cerveau, un esprit pourrait interagir avec un autre cerveau (télépathie), ou avec un événement éloigné (clairvoyance). Cette dynamique serait active, l'esprit se tournant vers l'objet (l'individu) qui stimule son intérêt.
C'est
pour tenter de tester cette interaction esprit-cerveau que William
Giroldini a conçu une expérimentation dans laquelle il
simule un groupe de neurones par un groupe d'oscillateurs. L'ensemble
forme un générateur aléatoire ; il demande alors
aux sujets de perturber le fonctionnement de ce
générateur aléatoire.
Dans son article "Eccles's Model of Mind-Brain Interaction and Psychokinesis : A Preliminary Study", JSE,Vol5,n°.2,1991, l'auteur annonce des résultats statistiquement significatifs.
Ce type d'expérimentation nous permet de passer du domaine de l'ESP vers celui de l' "effet PK" (ou psychokinèse).
La plupart des expérimentations actuelles utilisent des
générateurs aléatoires, mais certaines utilisent
d'autres matériels comme par exemple des jauges de
contraintes. C. Crussard (polytechnicien, promo 1935) et Jean
Bouvaist ont mené des expérimentations de type
métallurgiques qui ne lassent pas de surprendre. Il s'agissait
d'étudier les déformations occasionnées à
des barres métalliques, par l'effet psi (PK). Pour cela, nos
deux chercheurs ont utilisé des jauges extensométriques
pour mesurer les contraintes appliquées à ces barres
métalliques, et plus intéressant encore, des analyses
métallurgiques permirent de mettre en évidence des
transformations martensitiques de ces barreaux, impossibles à
reproduire dans les conditions de l'expérimentation.
Dans
le premier article qu'ils publièrent dans les Mémoires
Scientifiques Revue Métallurgiques de février 1978, JJ.
Trillat, de l'Académie des sciences, déclarait dans un
encart " [&ldots;] J'ai accepté pour ma part d'ajouter
ces quelques lignes, ayant eu l'occasion de suivre d'assez près
ces expériences, simplement pour donner ma caution sur la
rigueur scientifique avec laquelle elles ont été
conduites par les auteurs. [&ldots;] ".
D'autres possibilités de mesures telles que des mesures de températures, voire des mesures physico-chimiques sont utilisées dans le domaine de la PK. Mais ce qui se pratique le plus est incontestablement le générateur aléatoire (électronique qui fournit des "0" et des "1" au hasard).
L'un des premiers modèles (si ce n'est le premier) fut mis au
point par Helmut Schmidt qui en diffusa les détails techniques
en 1970, afin de permettre aux chercheurs de réaliser
facilement leur propre matériel. Ce générateur
aléatoire utilisait une source radioactive comme
phénomène aléatoire de base.
Depuis, des générateurs aléatoires moins délicats ont été conçus et sont disponibles sur le marché pour des prix modiques. Il est très difficile de ne pas parler des expérimentations du Princeton Engineering Anomalies Research Laboratory (PEAR) de l'Université de Princeton, mais je préfère finir ici par l'une des expériences françaises les plus marquantes.
En
effet, le Dr Péoc'h a présenté il y a plusieurs
années une thèse d'état en médecine dans
laquelle il détaillait une expérimentation avec un
tychoscope. Cet appareil, genre "boite de conserve" dans un
premier temps, incluait un générateur aléatoire simple
Après
avoir fait croire à des poussins que le tychoscope est leur
mère, le Dr Péoc'h place l'appareil au milieu d'une
aire de jeu, et un poussin dans une cage est placé à un
coin de ce terrain. Il analyse alors statistiquement le mouvement du
tychoscope par rapport à des tracés témoins
(sans poussins). Il remarque ainsi que lorsqu'un poussin se trouve
présent, le tychoscope ne se déplace plus de
manière aléatoire. Force est alors d'envisager une
action PK du poussin sur le tychoscope pour le rapprocher de la cage
(le poussin ne pouvant se rapprocher de ce qu'il considère
comme sa mère, il tend à l'attirer vers lui). Dû
à l'origine à l'ingénieur Pierre Janin, le
tychoscope a évolué, notamment grâce au Dr Roger
Tanguy, à l'occasion d'une thèse de doctorat en 1987.
L'effet observé à l'origine s'est
répété jusqu'à maintenant.
A travers ce texte, je n'ai fait que survoler le sujet de la parapsychologie Alors je terminerai en indiquant que si je devais conseiller 1 ouvrage, ce serait celui de Dean Radin, " la conscience invisible ", Presses du Châtelet, 2000., sans oublier le cd-rom Psi Explorer de Mario Varvoglis
Pierre
Macias,
Toulouse,
le 30/06/2002
Bibliographie :
"La rationalité de l'irrationnel", Dr. Mario Varvoglis, Ed. InterEditions, ISBN : 2-7296-0417-0, avril 1992
"cd-rom PSI EXPLORER", Dr. Mario Varvoglis, Distribution: les Editions Numériques, 1996
"Recherche et mise en évidence d'un phénomène télépathique chez le lapin", Dr. Bernard Thouvenin, 1988
Le Projet AGAPE, Dr Bernard AURIOL, MD
Le Ganzfeld au laboratoire PRL
Ganzfeld Phenomena, Daryl J. Bem, Cornell University ( in G. Stein (Ed.), Encyclopedia of the paranormal (pp. 291-296). Buffalo, NY: Prometheus Books. 1996 )
"La conscience invisible", Ed. Presses du Chatelet, ISBN : 2-911217-66-7, 2000
Conscious and Anomalous non conscious emotional processes: A reversal of the Arrow of Time? In: Toward a science of Consciousness, TUCSON III, MIT Press, 1999, pp. 367-386 With Dean Radin
Anomalous baseline effects in mainstream emotion research using psychophysiological variables, PA 2000
Comment la conscience contrôle le cerveau, Sir John Eccles, Ed. Fayard, 1997, ISBN : 2213597669
"Eccles's Model of Mind-Brain Interaction and Psychokinesis : A Preliminary Study",William Giroldini, JSE,Vol5,n°.2,1991
"Etude de quelques déformations et transformations apparemment anormales de métaux", C. Crussard, J. Bauvaist, Mémoires Scientifiques Revue Métallurgiques - Février 1978
"Recherches sur les déformations Anormales des métaux", C. Crussard, G.Jollant, Mémoires Scientifiques Revue Métallurgiques - Février 1984
The Global Consciousness Project
"Mise en évidence d'un effet psychophysique chez l'homme et le poussin, sur le Tychoscope", Thèse pour le DOCTORAT en MEDECINE (Diplôme d'état), René PEOC'H (année 85-86)
"Psychokinetic Action of Young Chicks on the Path of An Illuminated Source", René Peoc'h, Journal of Scientific Exploration, Volume 9: Number 2: Article 5