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Mémoires Scientifiques Revue Métallurgique - Février 1984

 

Recherches sur les déformations
Anormales des métaux

 
C. Crussard, G.Jollant

INTRODUCTION

 

Dans un article datant de près de cinq années (1), l'un de nous avait décrit diverses expériences de déformations et transformations structurales de métaux provoquées par J.P. Girard dans des conditions "anormales", c'est-à-dire sans intervention d'énergie sous forme classique musculaire ou autre. Malgré l'appel fait à la fin de cet article à tous les lecteurs aptes à critiquer ces expériences, personne n'a depuis proposé d'explication "normale", même par truquage.

Ceci nous encourage à publier d'autres expériences conduites dans la même série d'essais et qui, même si elles n'ont pas le caractère exceptionnellement démonstratif des précédentes, sont suffisamment significatives à condition d'en faire une critique approfondie. Il s'agit d'essais de déformations d'éprouvettes métalliques équipées de jauges extensométriques, avec enregistrement. Ces essais ont été conduits en 1976 au Centre Technique de l'Aluminium sous la direction du regretté J. Rauch et avec la participation de l'un de nous ou des deux. Il y a eu 6 séances, dont les circonstances sont décrites au tableau 1.

Date

Nombre d'assistants

Nombre d'éprouvettes

Déformées significativement

3 février

28 février

10 mars

25 mars

31 mars

12 mai

4 (dont C.C, J.R. et G.J.)

3 (dont J.R.)

8 (dont C.C., J.R. et G.J.)

7 (dont C.C., J.R. et G.J.)

3 (dont J.R. et G.J.)

4 (dont C.C., J.R. et G.J.)

2

13

8

11

12

5

Tableau 1.

 

Diverses personnalités scientifiques ont assisté à l'une ou l'autre des séances, dont les Professeurs J.J. Trillat et J. Philibert.

 

METHODES EXPERIMENTALES

 

Précautions générales

Les trois premières séances, du 3 février au 10 mars, ont eu plutôt le caractère de prises de contact et de mise au point du protocole expérimental; J.P. Girard y a revêtu une blouse de laboratoire, par dessus sa chemise. Le 10 mars il a été filmé par une caméra vidéo, pour essayer cette méthode de contrôle, qui s'est révélée très efficace.

Il enlevait sa bague, qui n'était d'ailleurs pas "à crochets", ce qui est un truc connu. A partir du 25 mars, nous avons préféré que J.P. Girard retrousse simplement ses manches, comme sur la figure 7. Les éprouvettes, avec leurs fils de connexion reliés aux appareils dont nous allons parler, étaient posées sur le bureau. J.P. Girard venait s'asseoir derrière ce bureau (sauf pour une partie de la séance du 12 mai), et à partir de ce moment il était constamment filmé par une caméra vidéo sonorisée, située en face de lui; un miroir latéral permettait de voir sur la même image ses mains sous un angle différent. Deux observateurs le regardaient en permanence, et l'un notait au fur et à mesure les faits caractéristiques. Comme on constatait au début de la prise de vue du film que le signal des appareils enregistreurs était encore au zéro (déformation initiale nulle), nous étions sûr que l'éprouvette n'était pas affectée par une manipulation préalable.

 
Eprouvettes et appareils

Sauf dans la dernière séance, les éprouvettes étaient des lames en alliage léger ou en aluminium, de section rectangulaire (épaisseur 3 mm, parfois 4; largeur 15 mm; longueur 270 à 350 mm). Les deux jauges extensométriques étaient collées et alignées sur une face l'une après l'autre (sauf pour la séance du 3 février); il s'agissait de jauges à fils résistants, de longueur 30 à 60 mm, de façon à intégrer les déformations d'une portion importante de la surface de l'éprouvette.

Les jauges étaient collées selon la technique classique utilisée dans le laboratoire, qui s'est toujours révélée très solide et fiable (*); puis elles étaient revêtues de laque, ainsi que les connexions et fils, jusqu'à une extrémité de l'éprouvette. La figure 1 montre cette disposition.
 

(*) Il s'agit de jauges modèles PL60 et PL30 de la firme T.M.L., collées avec la colle M Bond 200. Ces jauges sont du type "à grande élongation", c'est-à-dire qu'elles suivent, de façon très sensiblement linéaire, la déformation du substrat jusqu'à des déformations de 4% environ. Les déformations que nous avons observées sont toujours restées inférieures à 1%, et comme il y a toujours eu un bon parallélisme entre les déformations superficielles calculables d'après la flèche et les déformations mesurées avec les jauges, nous n'avons aucune raison de soupçonner qu'il y ait eu glissement de nos jauges.

[Figure 1]

Figure 1. - Photographie d'une éprouvette avec ses jauges collées. Le revêtement de laque a été enlevé à l'endroit des jauges, pour rendre celles-ci visibles.

Sauf dans l'essai du 3 février, les appareils de lecture, branchés sur les amplificateurs dynamiques reliés aux fils de l'éprouvette avant le début de l'essai, comprenaient en parallèle :
 
- un oscilloscope à mémoire
- un enregistreur à deux pistes avec crayons galvanométriques ultra-violet ("Ultralette") travaillant en général avec les sensibilités suivantes:

* en abscisse (temps): 1s = 8,75 mm
* en ordonnée (déformation) : 0,1% = 22 mm

J.P. Girard, tenant l'éprouvette entre les doigts de la main droite (jamais à pleine main), promenait la main gauche d'un mouvement alternatif près de la face libre (opposée aux jauges), parfois caressant légèrement cette face ou un chant latéral. Dans la séance du 12 mai, la main gauche ne touchait pas l'éprouvette; nous en reparlerons.
 
La prise de main droite de J.P. Girard ne peut produire aucun effet parasite sur les connexions électriques, capable de donner un signal sur l'enregistreur. Nous l'avons vérifié nous-mêmes en serrant et secouant d'une main l'éprouvette, de diverses façons. D'ailleurs, souvent, J.P. Girard retournait l'éprouvette bout pour bout, serrant de la main droite tantôt les zones de connexions recouvertes de laque, tantôt l'extrémité nue, sans que cela ne change rien à l'allure des signaux. Il n'y a donc pas de parasites électriques (accidentels ou non) produits par sa main droite.

 

RESULTATS DES EXPERIENCES

 
Séance du 3 février
 

Eprouvette: dimensions en mm 272 x 15 x 4.
Alliage: AU4G - T4 (limite d'élasticité 0,2% = 335 MPa R = 458 MPa).
 
C'est la seule séance où des jauges ont été collées des deux côtés de l'éprouvette. Il y avait trois jauges, deux d'un côté, une de l'autre aux emplacements suivants:

N°. de jauge

Face

Plage couverte par la jauge

1

2

3

Inférieure

Supérieure

inférieure

90 - 120 mm

125 - 185 mm

210 - 240 mm

Au début, les fils des jauges étaient connectés à un pont statistique digital à affichage électronique. J.-P. Girard voyait les chiffres lumineux du cadran. Il produisait des sauts correspondants à des déformations significatives, mais tantôt dans un sens et tantôt dans un autre de façon si erratique que nous changeons d'appareil : l'éprouvette est alors connectée à un pont dynamique. Mais celui-ci a des pannes d'enregistreur. On peut tout de même mesurer de façon précise, en statistique, les déformations résiduelles; elles sont indiquées au tableau II.

TABLEAU II:

Jauge N°.1

Jauge N°.2

Etat initial

1er essai

2ème essai

3ème essai

après 20h

après dissection

0

-380.10-6

+200.10-6

+780.10-6

+420.10-6

+1100.10-6

0

+240.10-6

+125.10-6

-75.10-6

-80.10-6

-200.10-6

1er essai : En frottant légèrement sur la face supérieure, J.-P. Girard obtient une flèche de 1,5 mm , concavité vers le bas.

2ème essai : Il reprend l'éprouvette et la frotte de nouveau légèrement ; elle se redresse et la flèche résultante est nulle.

3ème essai : Un de nous prend l'éprouvette pour mesurer les résiduelles, puis la débranche et la pose sur une paillasse à quelques mètres de J.-P. Girard qui ne peut y toucher, car il est entouré par les autres observateurs et s'occupe d'autres éprouvettes sans jauges. A un moment, il dit "sentir un effet" du côté de l'éprouvette à jauges. L'un de nous la reprend, sans que J.-P. Girard ait pu la toucher : elle est fléchie (1 mm) dans le sens opposé à celui du 1er essai.

Les déformations résiduelles des jauges 1 et 2 sont reportées sur le tableau II; ces jauges se trouvent dans la zone fléchie. Le signe + indique une extension.

L'éprouvette a été disséquée par sciage manuel de façon à isoler les parties collées sous les jauges et à en relaxer les contraintes internes, au moins partiellement. Les déformations résiduelles sont reportées sur le tableau II.

A titre de contre-essai, M. J.Bouvaist a étudié récemment les déformations d'éprouvettes identiques (au point de vue métal, dimensions et position de jauges), fléchies "mécaniquement" par flexion "4 points". A flèche de même ordre de grandeur, les déformations résiduelles mesurées par les juages sont comparables à celles indiquées après le premier essai du tableau II : à ce point de vue, on ne peut donc pas mettre en évidence de différence de comportement notable entre les éprouvettes fléchies mécaniquement et celles déformées sans effort par J.-P. Girard.

 

Séance du 28 février

Parmi les diverses éprouvettes déformées au cours de cette séance, l'une d'elles était équipée de jauges et a donné lieu à des observations intéressantes. Il s'agit d'une lame de dimensions (enmm) 350 x 15 x 3 en AU4G.T4 (limite d'élasticité à 0,2 % = 300 MPa ; R = 443 MPa). Deux jauges, de longueur utile 30 mm, étaient collées l'une après l'autre sur la face "inférieure"; leurs centres étaient distants de 64 mm. L'essai a duré 10 min, avec enregistrement sur Ultralette.

Après l'essai, l'éprouvette est déformée en S. Une première flexion est située vers le centre, dans la zone de la jauge J1, concavité vers le bas (côté des jauges). La seconde flexion, en sens inverse, est située environ 80 mm plus loin, vers la jauge J2. Dans cet état, les deux extrémités de la lame sont parallèles et décalées de 4,5 mm.

Si on peut à la rigueur admettre que J.-P. Girard, qui promenait sa main gauche sur la face supérieure, apparemment sans contact appuyé, a pu cependant exercer un appui bref fléchissant la lame, la deuxième flexion, elle, aurait exigé une traction. On peut imaginer une boucle de fil passée subrepticement autour de l'éprouvette; mais pour exercer l'effort d'au moins 10 kg nécessaire, par exemple avec un fil de nylon, il aurait fallu un fil d'au moins 0,25 mm de diamètre.

Sur l'enregistrement, on observe de nombreux "pics", isolés ou par groupes, comme des trains d'ondes d'accourcissement. Ces trains d'ondes apparaissent simultanément sur les deux pistes, et leurs tracés sont sensiblement homothétiques ( fig.2, qui montre le plus grand "pic", correspondant à un accourcissement de 0,43%, donc, atteignat le domaine plastique). Pendant la plus grande partie de l'expérience, J1 donne des pics plus grands que J2; vers la fin, le rapport s'inverse; puis, les pics deviennent égaux.

 

Figure 2. - Un passage de l'enregistrement de la séance du 28 février.

En abscisse, les déformations, ici vers la gauche (accourcissement) : l'échelle est donnée par la valeur du plus grand pic, -0,43%.

En ordonnée, le temps : les durées de pic indiquées donnent l'échelle. La piste de gauche correspond à la jauge J1.

 A la fin de l'essai, les déformations résiduelles des jauges étaient nulles ou très faibles, ne dépassant pas 50.10-6 ( 1mm sur l'enregistrement ). Compte tenu des mesures de déformation résiduelle mesurées par M. J.Bouvaist lors du contre-essai mentionné plus haut, ces faibles valeurs sont surprenantes ; il est également surprenant que les pics enregistrés sur la jauge J2 correspondent tous à des accourcissements, alors que cet endroit est du côté qui se trouve finalement en extension. Il semblerait donc que ces flexions, surtout la deuxième, soient des évènements exceptionnels et anormalement localisés.

On peut donc dire que la déformation de cette éprouvette ne s'est pas effectuée de façon normale. Il faut remarquer que, dans cette période des essais, J.-P. Girard a produit plusieurs déformations en S de lames métalliques assez épaisses; les conditions d'observations étaient bonnes et on n'a pas décelé d'efforts importants, tels qu'en nécessiterait une double inflexion produite à la force des mains.

 

Séance du 10 mars

Dans cette séance, dont le cadre était différent et où il y avait de nouveaux observateurs, J.-P. Girard semblait mal à l'aise. Il a bien déformé des éprouvettes, mais pour deux (barres rondes d'aluminium), la caméra vidéo a décelé des appuis furtifs, comme nous l'avons signalé ailleurs (1); ces manipulations pourraient être capables de fléchir le métal. Deux autres essais cependant sont bons et comportent des éléments qui méritent d'être décrits.

Premier essai

Le premier de ces essais mettait en jeu un enregistrement un peu particulier, celui de la température de peau, grâce à une caméra AGA de thermovision. L'éprouvette, en alliage léger AGS, avait 2,5 mm d'épaisseur; la face observée avait été noircie au molygraphite J.-P. Girard l'a déformé devant la caméra en la tenant très légèrement par les extrémités; la zone centrale a fléchi, convexité tournée sur la caméra. Mais on n'a décelé aucun échauffement de cette zone, la variation de température ne dépassant pas 0,5° , sensibilité de l'appareil à ce moment. A titre de contre-essai, l'un de nous, tenant la même éprouvette autant que possible de la même façon que J.-P. Girard, a fléchi en force cette éprouvette devant la caméra, en doublant à peu près la flèche, donc par une nouvelle déformation comparable à la première. La caméra a accusé un net échauffement ( > 2°C ).

Deuxième essai

Cet essai concerne une éprouvette à jauges extensométriques, de mêmes alliage et dimensions que celle essayée le 28 février ; les jauges étaient disposées comme sur la figure 1. Le mode opératoire était conforme à la description générale au début. C'est le premier essai où nous disposions de trois séries d'observations synchronisées : film sonore, enregistrement sur "Ultralette" et notes.

L'enregistrement a duré 24 min.; l'essai proprement dit 17. Il faut noter qu'au cours de cet enregistrement, le signal de la jauge J2 a été par deux fois bloqué sur l'"Ultralette" à une position intermédiaire correspondant à une déformation de 0,3%; il se débloquait spontanément (c'est-à-dire sans intervention des opérateurs) entre les deux périodes de blocage et à la fin de l'essai; or ce signal, pendant les périodes de blocage, était mobile sur l'oscillographe à mémoire (des photos ont été prises), et l'"Ultralette" s'est toujours comportée comme un appareil très fiable.

L'éprouvette a subi au cours de l'essai deux déformations légères, puis deux flexions importantes rapprochées. Flèche finale : 24 mm ; déformation résiduelle sur la jauge la plus déformée (côté concave) : - 0,24 %. Le pic le plus haut enregistré au cours de cet essai correspond à - 0,75 % (accourcissement) (*) ; au moment de sa production, la caméra révèle que J.P. Girard a pincé assez fortement les chants de l'éprouvette, avec peut être un appui. II est difficile de dire s'il pouvait exercer ainsi un couple capable de fléchir l'éprouvette. Signalons que, dans un essai devant experts (3), J.P. Girard a exercé un pincement similaire au moment d'une flexion ; mais l'illusionniste qui contrôlait a conclu que ce pincement ne pouvait provoquer la flexion, impossibilité confirmée par des contre-essais.

Sur l'enregistrement, on observe des signaux en forme de pics, brefs (une seconde environ), isolés ou souvent groupés en rafales. La figure 3 représente l'enregistrement à un moment (9 min après le début de l'essai), où J.-P. Girard, qui caressait le chant de la lame, c'est arrêté pour regarder l'éprouvette; en prenant celle-ci, un de nous constate la première flexion, légère. Or sur l'enregistrement juste après deux grands pics correspondant à un accourcissement de 0,55 %, on observe un accourcissement résiduel de 0,14%.

Figure 3. - Un passage de l'enregistrement de la séance du 10 mars. Mêmes coordonnées et échelles que la figure 2. Les deux grands pics correspondent à des déformations de -0,55%

La figure 4 représente les premiers pics enregistrés au cours de cet essai, deux minutes après le début. A côté des pics on observe, tout au long de l'enregistrement, de petites oscillations, comme un "bruit de fond". Sur la figure 4, on distingue très bien au début une zone où ce bruit de fond a une fréquence de 2,4 et, plus loin, une zone d'oscillaions plus faibles, plus rapides et plus irrégulières, de fréquence moyenne environ 6,5. Ce bruit de fond persiste par la suite, plus ou moins régulier, et semble dû à la superposition de deux fréquences, l'une de 2,4 à 3,4 Hz, l'autre de 6 à 9 Hz. Or, nous avons mesuré la fréquence propre de cette éprouvette, encastrée à une extrémité; elle est de 25 à 30 Hz. Quant à la fréquence des mouvements de va-et-vient de la main gauche de J.-P. Girard, mesurée grâce au film, elle va de 1,8 à 2,6.

Figure 4. - Autre passage du même enregistrement que sur la figure 3. Noter le "bruit de fond"parfois assez régulier.

Les deux jauges donnent des enregistrements homothétiques, à l'échelle près, en déformation. La jauge J1, située près de la main droite (donc près de l'"encastrement") pendant presque toute la période où les signaux s'enregistrent sur les deux pistes, donne des déviations à peut près doubles de J2, qui est plus près de la main gauche. Il y a cependant une exception curieuse : 9 min 30 s après le début de l'essai, J.-P. Girard retourne l'éprouvette bout pour bout; à ce moment, les signaux de J2 devraient devenir plus forts que ceux de J1; or ce n'est pas ce qu'on observe, car les signaux J2 continuent à être plus faibles pendant 35s, puis l'enregistrement de J2 fait un saut vers le haut et se bloque, comme nous l'avons dit plus haut !

Les déformations permanentes sont observées après des "pics" (fig.3) dépassant 0,5% (accourcissement), c'est-à-dire pour une déformation totale (élastique + plastique) dépassant un peu celle atteinte à la limite d'élasticité conventionnelle à 0,2%) qui pour cet alliage vaut 0,42%. Le point le plus frappant de cet essai est le nombre considérable de pics enregistrés : 88 correspondant à des accourcissements de plus de 0,12%, dont 29 dépassant 0,32%.

 

Séance du 25 mars

C'est à partir de cette séance que commencent les essais que nous considérons comme bien contrôlés de bout en bout et complètement valables. J.-P. Girard, familiarisé avec les instruments et le protocole, était détendu et la caméra n'a plus révélé d'appuis ou pincements furtifs. Au cours de cette séance, 11 éprouvettes ont été déformées ou transformées, dont deux en acier inoxydable (1) et une lame d'aluminium qui a subi un effet induit remarquable, ahurissante succession de flexions et de redressements, alors qu'elle était tenue légèrement par un assistant (un professeur venu contrôler les essais) assis de l'autre côté du bureau où opérait J.-P. Girard; à la fin, tenue légèrement par chacun d'eux à une extrémité, elle a subi une forte flexion vers le milieu, filmée dans de bonnes conditions. Au cours de cette séance, deux éprouvettes munies de jauges ont donné de bons enregistrements.

Première éprouvette

Il s'agit d'une éprouvette munie de jauges, en tous points semblable à celle de la séance précédente, essayée suivant le même protocole. Les observations ont été similaires.

Figure 5. - Un passage de l'enregistrement de la première éprouvette de la séance du 25 mars. Mêmes échelles que précédemment.

L'essai a duré 20 min, au cours desquelles il y a eu quatre déformations : à chaque fois l'essai a été interrompu pour tracer le profil :

- à la première sont apparues deux zones de flexion, une vers la main droite, et l'autre vers la jauge J2. Il faut remarquer que J.-P. Girard a retourné trois fois l'éprouvette bout pour bout pendant cette période de l'essai.

- à la deuxième et à la troisième déformation, la première flexion s'est accentuée pour devenirtrès visible; la flèche à ce moment est de 13,5 mm,

- à la quatrième, l'éprouvette a subi un redressement léger, mais net,

Au cours de cet essai, J.-P. Girard tient l'éprouvette tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre, c'est-à-dire :

- tantôt avec les fils sortant de la main droite, qui recouvre la zone de connexion laquée, comme dans la séance du 10 mars. Dans ces conditions, les pics enregistrés par J1 sont plus forts que ceux de J2, ce qui est "normal" si c'est la main gauche qui agit, quelle que soit la nature de cette action,

- tantôt avec les fils à gauche, la main droite tenant la zone nue de l'éprouvette; dans les périodes correspondantes, les signaux de J2 sont plus forts que ceux de J1.

Dans tous les cas, on observe un bruit de fond, plus important que dans la séance du 10 mars, au point qu'on le sépare parfois mal des pics (fig.5). Ce bruit de fond atteint des amplitudes de 0,14% (accourcissements). Sa fréquence est aussi plus élevée de 3,3 à 4 Hz avec en quelques endroits superposition d'une fréquence de 7 à 8.

La fréquence du mouvement alternatif de la main gauche de J.-P. Girard va de 2,2 à 3 avec une pointe de 3,6 pendant 1/2 minute. Comme pour la séance précédente, il faut noter le nombre très important de pics de grande amplitude : 305 dépassant 0,14% (en accourcissement), dont une quarantaine dépassant 0,35%. Or, l'un de nous s'est mis exprès, à plusieurs reprises, de profil, pour voir si J.-P. Girard appuyait pour provoquer des flexions décelables; pour les plus fortes déformations enregistrées, la courbure de l'éprouvette aurait dû être très visible (rayon de courbure de 250 à 300 mm dans la partie utile, ce qui correspond à un angle des extrémités de plus de 20°); et pourtant rien de tel n'a été observé.

 

Deuxième éprouvette

Il s'agit d'une lame en alliage léger AG3 H III de mêmes dimensions (350x15x3) et même disposition de jauges que la précédente.

Figure 6. - Un passage de l'enregistrement de la deuxième éprouvette de la séance du 25 mars. Mêmes échelles. Ici c'est la jauge J2 (piste de droite) qui indique les déformations les plus fortes.

L'enregistrement montre, là encore, de nombreux pics et un bruit de fond de fréquence 2,8 à 3,6, qui dans ce cas correspond sensiblement à la fréquence des mouvements de la main de J.-P. Girard (2,8 à 3,3). Presque tous les pics correspondent à des accourcissements ne dépassant pas 0,11%, ce qui correspond à la limite d'élasticité de cet alliage, moins dur que le précédent. Seuls deux pics très rapprochés dépassent cette valeur, le plus fort (sur J2) étant de -0,32%, suivi par une déformation résiduelle de -0,17% (fig.6). Or, à ce moment, sur le film, on voit très nettement une flexion se produire et cet endroit est spécialement intéressant, car à ce moment l'éprouvette est très visiblement libre de tout appui, la main droite ne la tenant qu'entre pouce et index, sans contact de la paume. La flèche produite est d'environ 6 mm.

 

Séance du 31 mars

Au cours de cette séance ont été déformées 12 lames et barres d'aluminium ou d'alliage léger, dont une barre sans jauges fléchie en tube de verre, de façon très intéressante et significative (1).

Trois lames munies chacune de deux jauges, collées comme pour les séances précédentes, ont été fléchies par J.-P. Girard selon le même mode opératoire:

- une lame de 310x15x3 en AU 4 G T4; flèche finale 3 mm.

- une lame de 350x15x3 en A5 H 18; flèche finale 7,5mm.

- une lame de 310x15x3 en A5 H 18; flèche finale 27 mm.

Les enregistrements ressemblent aux précédents, avec pics et bruits de fond, dont la fréquence ici va de 2 à 4.

On peut noter que dans la lame d'aluminium A 5, les pliages sont plus aigus et concentrés et les déformations résiduelles enregistrées notables; alors que sur la lame d'alliage, la courbure est plus répartie et les déformations résiduelles sont faibles.

 

Séance du 12 mai

Dans cette s"ance, nous nous sommes efforcés que J.-P. Girard ne touche pas l'éprouvette de la main gauche.

Deux barres rondes ont été équipées de jauges selon deux génératrices à 90°, de façon à pouvoir déceler des flexions dans toutes les directions :

- une barre en AU 4 G T4 de 8 mm de diamètre,

- une barre en AU 2 T4 de 17 mm de diamètre.

Deux enregistreurs à deux pistes fonctionnaient simultanément en parallèle:

- un enregistrement potentiométrique à scripteur SEFRAM, à enregistrement immédiat, bande passante environ 10 Hz, disposé à côté de l'opérateur, dans le champ de la vidéo. Au début, J.-P. Girard était assis à côté, mais ne voyait pas les stylets enregistreurs, ni la courbe; ensuite, il s'est mis debout et voyait l'enregistrement se faire (voir fig.7). Le fait qu'il regardait n'a fait aucune différence sur l'allure des pics;

- un enregistreur oscillo-galvanométrique "Ultralette", le même que dans les essais précédents, caché dans une autre pièce que J.-P. Girard n'a pas vu et dont il ignorait la présence.

Figure 7. - Photographie montrant J.P. Girard faisant un essai sur barre ronde (12 mm), sans contact. Il regarde l'enregistreur, à gauche, à côté des deux observateurs (C.C et J.R)

De nombreux pics ont été enregistrés, simultanément sur les deux enregistreurs, ce qui écarte une hypothèse que l'on peut éventuellement faire, c'est que J.-P. Girard pouvait "agir" directement sur les stylets de l'enregistreur qu'il voyait.

La prise de la main droite a été soigneusement contrôlée, pour être sûr qu'une contraction de cette main ne pouvait envoyer des impulsions aux jauges; J.-P. Girard s'est prêté, dans ce but, à une série de contre-essais faits par lui, ou par un des observateurs présents, notamment en agitant fortement les fils ou l'éprouvette, sans que l'enregistreur ne bouge. La vidéo et les observations visuelles permettent d'affirmer que la prise de la main droite est restée correcte tout le long de la séance.

Les jauges se trouvaient à la sortie de la main droite, à la même distance des extrémités, mais décalées de 90°, comme il a été dit. Un observateur a fait à la main (pendant que J.-P. Girard tenait toujours la barre de la main droite) des appuis dans les quatre sens (haut, bas, avant, arrière) pour repérer le sens de chaque impulsion, d'après le signe des deux pics de chaque couple correspondant à une impulsion, et en faisant l'hypothèse que la déformation est bien une flexion pure, ou presque.

J.-P. Girard s'est efforcé de bonne grâce de ne jamais toucher la barre de la main gauche. La vidéo et l'observation visuelle permettent d'affirmer que cette condition a été remplie pendant presque tout l'essai. Certains passages sont particulièrement bons sous ce rapport; ils ont été repérés au crayon sur l'enregistrement, et à ce moment on observe des pics très nets sur les deux pistes.

Les pics ont été plus faibles que dans les essais précédents. Les pics les plus forts correspondent aux déformations reportées ci-dessous; on a aussi indiqué les contraintes calculées, comme si la déformation était élastique :

Déformations

Contraintes

- petite barre ( 8 mm )

250.10-6

1,8 hbar

- grosse barre ( 17 mm )

55.10-6

0,4 hbar

Pour produire cette déformation, si J.-P. Girard avait appuyé avec la main gauche (ce qu'on ne lui a d'ailleurs pas vu faire), à 100 mm de sa main droite, il aurait dû exercer des efforts de 0,9 kg sur la petite barre et de 2 kg sur la grosse.

Mais l'observation la plus intéressante et éliminant la possibilité de truquage porte sur la direction des impulsions. Elles ont commencé par aller à peu près horizontalement vers l'avant. Puis, au cours de l'essai, leur direction a varié (fig.8, a et b), un peu dans tous les sens, et on a observé plusieurs pics correspondant à des impulsions vers le haut, à peu près verticales ou obliques, et en particulier obliques en haut vers J.-P. Girard. Celui-ci n'a d'ailleurs pas pu tourner la barre dans sa main, vu la prise qu'il avait à ce moment (vérifiée attentivement par deux observateurs et contrôlable sur la vidéo), l'adhérence du vernis recouvrant les connexions, la position des cables de connexion (on peut contrôler sur le film qu'ils ne bougent pas); les changements erratiques et fréquents de la direction des impulsions excluent d'ailleurs cette hypothèse.

Figure 8a. - Un passage de l'enregistrement du 12 mai sur la petite barre ( diamètre 8 mm). Le papier enregistreur est à carreaux millimétriques; les échelles sont marquées sur la figure. Il y a décalage de 10 mm entre les pistes correspondant à J1 et J2. Noter le changement de direction très rapide au temps 45 min 36 s. Noter aussi les pics marqués d'un + sur chaque piste, qui correspondraient (s'il s'agissait d'une flexion pure) à une attraction vers la main gauche de J.P. Girard (sens de la flèche marquée sur la figure, l'éprouvette étant supposée vue en bout comme sur la figure 7).

 

Figure 8b. - Un passage de l'enregistrement du 12 mai sur la grosse barre (diamètre 17 mm). Les premiers pics correspondent à une attraction, comme l'indique la flèche; vers 24 min 47 à 48 s, il y a changement de direction, comme si la barre était fléchie horizontalement vers l'avant.

Les pics ont souvent des formes curieuses, arrondies (fig.9), ou groupés en train d'ondes rappelant le bruit de fond des expériences précédentes, avec des fréquences allant de 2 à 3,5.

Figure 9. - Autre passage de l'enregistrement du 12 mai sur la petite barre. Grands pics très irréguliers.

Au cours d'un essai ultérieur, la grosse barre (17 mm de diamètre) munie de ses jauges et de ses fils, mais débranchée, a été fléchie par simple contact devant un expérimentateur. La flèche produite était de 4 mm. Or cette barre était semblable à celle décrite ailleurs (1) qui, pour une flèche de cette valeur produite mécaniquement, exigeait un couple de 57 N.m. Cette valeur est bien plus forte que celle qu'un homme peut exercer de force à deux mains (1).

 

DISCUSSION

 

Etant donné la coïncidence des observations directes et notées, des enregistrements sur jauge et des observations sur films, les effets produits par J.-P. Girard l'ont certainement été au cours des périodes d'essais.

En ce qui concerne les effets enregistrés par la jauge, les appareils sont fiables, d'usage courant en milieux industriels; ils ne donnent aucune déviation quand l'éprouvette est au repos et hors de portée de J.-P. Girard. Si celui-ci avait voulu truquer pour produire ces effets, il n'aurait donc pu utiliser que des trucs agissant en cours d'essai par un effet soit électromagnétique (sur la jauge); soit mécanique (sur les éprouvettes). Examinons ces deux hypothèses;

 

1ère hypothèse - effet électromagnétique

Ces jauges sont construites de façon à être insensibles aux parasites électromagnétiques rencontrés dans les ateliers et laboratoires. Nous avons testé cette insensibilité de la façon suivante : une éprouvette avec jauges a été exposée à l'action d'un générateur à éclateur de 45 kW, en la plaçant à 20 cm environ du rotacteur à vapeur de mercure fonctionnant sous 8000V. Si, sur l'oscilloscope à la la sensibilité maximale, on observe quelques petites oscillations fugitives, sur l'Ultralette fonctionnant à la sensibilité utilisée avec J.-P. Girard on n'observe pratiquement rien, à peine un épaississement du trait de l'ordre du millimètre.

Or, pour produire des effets d'induction sur les jauges, J.-P. Girard aurait pu utiliser deux trucs:

a) un minuscule générateur bien dissimulé, parexemple dans un prothèse dentaire, truc suggéré par certains. Il est totalement exclu qu'un appareil aussi petit puisse donner des signaux 100 fois plus forts que le générateur de 45 kW du contre-essai;

b) un peu de poudre d'aimant cachée sous les ongles de la main gauche qui, du fait de son mouvement alternatif, aurait pu ainsi produire une induction périodique. Là encore, l'effet possible serait beaucoup trop faible; mais il y a encore d'autre arguents contre: il n'est pas possible de produire ainsi à la fois des pics et le bruit de fond.

Ce truc pouvait-il produire le bruit de fond seul ? Là encore la réponse est "non", pour plusieurs raisons:

- l'amplitude du bruit de fond peut varier de façon considérable, alors que le mouvement de la main gauche reste sensiblement le même. Il arrive même que le bruit de fond soit absent (débuts d'enregistrement et certains passages de la séance du 12 mai), ou au contraire qu'il soit si fort qu'on passe de façon presque continue aux "pics",

- il y a désaccord entre les fréquences du bruit de fond et celles du mouvement de la main: ces dernières sont en moyenne significativement faibles.

- l'effet devrait être plus faible sur la jauge proche de la main droite, alors qu'on observe en général l'inverse.

On peut donc exclure le truquage électromagnétique.

2ème hypothèse - effet mécanique

Dans la plupart des cas, les enregistrements et les déformations observées "pourraient correspondre" à une poussée de la main gauche de J.-P. Girard. Mais avant d'examiner ces cas, nous allons discuter des quelques cas exceptionnels où les effets pourraient correspondre à une attraction de sa main gauche (séances du 28 février et du 12 mai). Dans ces conditons opératoires, il semble que le seul truquage imaginable soit une boucle de fil fin passée autour d'un des doigts de J.-P. Girard, où il aurait enfilé une extrémité de l'éprouvette pour la tirer vers le haut.

Dans la séance du 28 février, nous avons vu que ce fil aurait dû avoir au moins 0,25 mm de diamètre pour provoquer la flexion observée. Un tel fil, fort visible, n'a pas été observé.

Dans la séance du 12 mai, nous avons montré qu'il aurait fallu exercer des efforts de 2 kg, ce qui pouvait être produit avec un fil de nylon de 0,1 mm de diamètre. Etant donné la position des observateurs (fig. 7) et le fort éclairage, un tel fil aurait été visible. En outre, on ne voit pas comment avec une telle boucle de fil J.-P. Girard aurait pu produire des trains d'ondes soit sinusoïdaux, soit irréguliers (fig.9), ni surtout les changements brusques et fréquents de la direction des impulsions, qui auraient nécessité des mouvements désordonnés de sa main fort visibles sur le film.

Nous excluons donc pour ces raisons des actions attractives de la main gauche de J.-P. Girard, effectuées par des fils.

Dans le cas général, y-a-t-il des poussées de la main gauche de J.-P. Girard capables de produire les déformations observées et les signaux enregistrés ? Il est évidemment regrettable que nous n'ayons pu obtenir de J.-P.Girard un mode opératoire sans contact avec l'éprouvette, comme J.Hasted l'a obtenu des sujets avec lesquels il a opéré (2). Malgré ce défaut, nos observations sont suffisamment convaincantes, car nous allons montrer que, dans les conditions réalisées, de telles poussées de la main auraient dû être décelées et sont d'autre part tout à fait invraisemblables.

La caméra vidéo a été capable de déceler deux appuis furtifs et un pincement al observés visuellement lors de la séance du 10 mars, qui était encore dans la période de prise de contact et de mise au point. Le fait que ces manipulations n'aient pas échappé à la caméra montre que l'on peut avoir confiance en elle. Pour échapper à la caméra, l'appui furtif devrait durer moins de 0,1s, intervalle entre deux vues successives: outre l'invraisemblance d'un appui aussi bref, il est incompatible avec les signaux des jauges, où les "pics" durent 1 à 2s.

En sens inverse, la caméra peut, dans beaucoup de cas, permettre de juger si l'éprouvette est libre de bouger en dessous des mains de J.-P.Girard, donc si elle n'est pas "encastrée" ou prise dans un double appui. C'est le cas par exemple au moment d'une déformation de la séance du 25 mars (2ème éprouvette), car au moment où elle se produit, on voit que l'éprouvette bat librement sous la paume droite de J.-P.Girard, qui ne peut donc pas exercer un couple avec cette main. Des observations de ce genre renforcent également la confiance dans la caméra.

L'invraisemblance d'un effet mécanique est soulignée par le nombre considérable de "pics" décelés par les jauges, qui dans cette hypothèse devraient être produits par un nombre aussi considérable de fortes poussées. Entre les seules séances des 10 et 25 mars, on dénombre 400 pics de plus de 0,12% (accourcissement), dont 70 dépassent 0,32%, ce qui correspondrait (si la flexion était produite par une force manuelle) à un couple de plus de 5,2 Nm. On ne voit vraiment pas pourquoi J.-P.Girard se serait amusé et fatigué à donner autant d'appuis si forts au risque d'augenter les chances de se faire prendre.

Quant au "bruit de fond", il ne peut pas non plus être expliqué mécaniquement, étant donné le désaccord entre sa fréquence et celle du mouvement alternatif de la main gauche. Ce désaccord est de toutes façons surprenant. Signalons en passant que les fréquences de ce bruit de fond sont dans le domaine de celles des ondes théta, qui ont été observées chez certains sujets en état de concentration profonde.

Certaines anomalies signalées au cours de la description des essais montrent que les effets observés n'auraient pas pu être produits par des moyens mécaniques "normaux", par exmple:

- les déformations résiduelles anormales lors de la séance du 28 février,

- le rapport anormal des signaux de J2 et de J1, signalé à propos de la séance du 10 mars.

Nous pouvons donc conclure que la grande majorité des effets enregistrés ne sauraient être produits en force par J.-P.Girard avec sa main gauche.

 

CONCLUSION

Nous écartons donc l'hypothèse de truquage, et concluons que les phénomènes observés et enregistrés sont dus à un "effet" situé hors du paradigme scientifique actuel ou à sa frontière, et pour lequel la liaison classique de la théorie de l'élasticité entre déformations et contraintes, se trouve en défaut, ainsi sans doute que la liaison entre énergie et déformation (voir observations à la caméra thermographique du 10 mars).

L'hypothèse minimale que nous avons le droit de faire est que les signaux des jauges sont dus à une déformation du métal de l'éprouvette (*). Cette hypothèse est justifiée par diverses remarques :

- parallélisme complet (par homothétie des ordonnées) des enregistrements des deux jauges,

- proportion entre les effets des deux jauges dabs le rapport qu'on peut attendre d'une "action" de la main gauche de J.-P.Girard,

- apparition de flexions permanentes observables et mesurables quand les signaux d'une jauge dépassent nettement la déformation à la limite d'élasticité (0,2%).

(*) Dans un domaine de recherche aussi nouveau, on est encore au début de la phénoménologie et il faut faire attention au langage employé. Quand on voit un signal sur l'enregistreur, on ne sait pas, à priori, s'il est dû à la jauge seule (par variation de résistance, par exemple) sans que le métal soit déformé, ou si métal et jauge se sont déformés solidairement, comme il est normal.

Des examens au microscope électronique en lames minces faites sur des éprouvettes déformées par l'effet "anormal" de J.-P.Girard ont montré des densités de dislocation accrues par rapport à l'état initial, mais comparables à celles d'éprouvettes fléchies mécaniquement de la même quantité. Ceci nous apprend que, dans cet effet anormal, les dislocations se multiplient comme dans les déformations normales, mais la précision des mesures de densité de dislocation est insuffisante pour révéler une différence.

Ces observations sont à rapprocher de celles faites par J.Hasted (2) sur une demi-douzaine de sujets britanniques, et sur J.-P.Girard lui-même qui a opéré dans son laboratoire. Ses expériences ont démontré que les déformations produites de cette façon n'étaient pas des flexions simples, qu'elles avaient dans l'épaisseur du métal une répartition ondulatoire, dont résultait une composante de flexion et une composante longitudinale (allongement ou accourcissement axial). En particulier, les changements brusques et erratiques de sens des pics constatés dans la séance du 12 mai, et que nous avions interprétés comme dus à des changements de direction d'une flexion que nous supposions simple, sont tout à fait semblables à des effets que J.Hasted a enregistrés et qu'il a pu, grâce à la répartition de ses jauges, expliquer par des ondes d'allongement ou d'accourcissement. Notons en passant que cette concordance entre des observations très nombreuses (des milliers de signaux!) enregistrées dans deux laboratoires différents réfute l'objection de non reproductibilité de tels effets. La troisième remarque ci-dessus montre que lors d'une déformation permanente de l'ensemble, les couches superficielles atteignent un stade de déformation voisin de celui de la limite d'élasticité. C'est évidemment une condition nécessaire. Mais cela ne prouve pas que la contrainte atteigne la valeur normalement correspondante.

Il est possible en effet que le mot "contrainte" n'ait pas sa signification usuelle dans des phénomènes anormaux de ce genre; il faut raisonner en déformations. D'ailleurs tous les phénomènes observés par nous ou par J.Hasted peuvent être schématisés en admettant qu'un sujet comme J.-P.Girard agit en mettant en mouvement les dislocations d'un métal, qui peuvent ensuite se multiplier selon les mécanismes connus.

 

Bibliographie

1. CRUSSARD (C.), BOUVAIST (J.).- Mém.Sci.Rev.Mét., 75, n°2 (1978), 117.

2. HASTED (J.). - The Metal Bender, Ed. Routledge and Kegan Paul, Londres (1981).

3. La Recherche, 9 (1978), 508-511.

 


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