ESP


Recherche et mise en évidence

d'un phénomène télépathique chez le lapin

Dr. Bernard THOUVENIN
Docteur en Médecine.

Juillet 1988


 

III - ETUDE PHYSIOLOGIQUE DU STRESS DU LAPIN PAR LA METHODE DE PHOTOPLETHYSMOGRAPHIE

C'est une étude préliminaire qui m'a demandé le plus de temps car je voulais, bien avant d'essayer de noter des concidences entre les réactions physiologiques de mes deux lapins,identifier de façon précise et indiscutable une réaction spécifique du stress du lapin qui pourrait être aisément distinguée des fluctuations et accidents divers qui sont le lot commun de toute courbe d'enregistrement.

A - Méthode

La pléthysmographie est la méthode de choix pour l'étude non traumatisante du stress du lapin. Elle permet d'étudier sur une seule courbe d'enregistrement à la fois la vasomotricité périphérique, le rythme cardiaque, les mouvements et même parfois le rythme respiratoire: tous éléments très importants pour l'étude du stress d'un homme ou d'un animal.

Dans mes premières expériences, j'ai utilisé aussi un enregistreur de mouvement: l'accélérotest de la maison ALVAR: mais celui-ci s'est révélé inutile car la pléthysmographie enregistre également les mouvements comme le montre l'étude comparée des deux courbes d'enregistrement simultané d'un même lapin.

La photopléthysmographie est la méthode que j'ai utilisée. Décrite en 1937 par HERTZMANN (14), elle est basée sur la corrélation entre les variations d'irrigation sanguine d'un tissu et les variations de son opacité par transillumination mesurée par cellule photoélectrique. Cette méthode est applicable chez l'homme au doigt et au lobule de l'oreille.

Pour le lapin, j'ai utilisé cette méthode en plaçant le capteur sur l'oreille rasée de cet animal, ce qui permet un enregistrement souple et non traumatisant, permettant d'éviter une contention trop stricte du lapin: il suffit seulement de le placer dans une cage grillagée allongée qui évite les mouvements de retournement complet.

L'appareil utilisé est un translux de la maison ALVAR. Il s'agit d'un capteur à cellule photoélectrique: simple petite pince en plastique fixée sur l'oreille du lapin comme une petite pince à linge. Il possède deux branches: dans l'une se trouve une source lumineuse miniature d'intensité constante alimentée par une bote à pile. Dans l'autre, se trouve une cellule photoélectrique de très haute sensibilité. L'enregistrement du pléthysmogramme se fait avec un enregistreur direct à encre

comportant deux chanes d'amplificateur à grand gain et qui peut permettre, comme dans mes séries d'expériences, d'enregistrer simultanément deux lapins.

Il s'agit du PRAXIGRAPH II TR de la maison ALVAR, appareil dont la sensibilité, la différentialité et la fiabilité, permettent d'enregistrer à volonté E.E.G.-E.C.G.-E.M.G., dermogramme et pléthysmogramme: il suffit pour cela de faire varier le calibrage et la constante de temps.

B - La réaction de stress du lapin étudiée en pléthysmographie

En principe si le sujet est au repos, le pléthysmogramme donne une onde de pouls très stable et caractérise avec précision l'irrigation sanguine au niveau de l'oreille et les variations de pression artérielle.

En fait, le lapin, même dans un lieu calme, est sujet à des émotions d'apparence spontanée se traduisant par des réactions de stress assez fréquentes, les mêmes que celles que l'on peut provoquer avec un stimulus (bruit de sonnette par exemple).

Pour mieux analyser le stress du lapin, j'ai étudié celui-ci en cage d'isolement sensoriel comportant ainsi une cage de Faraday afin d'éliminer les perturbations extérieures. Il faut noter cependant que la réaction de stress du lapin en cage d'isolement est exactement la même qu'en dehors de ces cages comme en témoignent de nombreux enregistrements sans cage. L'avantage des cages est également de pouvoir provoquer un stress par la présence d'une sonnette à pile à l'intérieur de la cage, le bruit de celle-ci constituant un stimulus d'intensité sensiblement constante.

De mon étude, il résulte les points suivants :

. La réaction de stress se traduit essentiellement par une vasoconstriction (partie B du schéma), repérable par une déviation de la courbe de pouls vers le bas et par son aplatissement.

. Cette vasoconstriction est suivie la plupart du temps mais de façon non constante par une vasodilatation (partie C du schéma) repérable par une déviation de la courbe de pouls vers le haut et par son augmentation d'amplitude.

. Il y a ensuite de toute façon retour à la ligne isoélectrique dans un temps plus ou moins long.

. La déflexion initiale vers le haut (il s'agit d'un mouvement initial du stress comme le prouve une étude faite avec un détecteur de mouvement) n'est pas constante (partie A du schéma). Elle représente cependant un élément important d'un stress fort et ceci est en concordance avec les études faites sur l'homme.

. On peut repérer assez souvent une bradycardie réflexe du lapin lors de la réaction de stress. Cette bradycardie réflexe du lapin a été très bien étudiée par Michel BELLANGEON dans sa thèse de doctorat vétérinaire de 1965 (4). Elle est très caractéristique du lapin et des ruminants, ce qui les oppose aux autres animaux et à l'homme qui eux, au contraire, accélèrent le plus souvent leur fréquence cardiaque lors des émotions et des stress. J'ai noté également qu'il existe chez le lapin, en dehors des stress caractéristiques, des phénomènes de bradycardie plus ou moins isolés qui pourraient peut-tre être considérés comme des mini-stress.

Les éléments constants repérables d'un stress sont donc:

a - une déflexion vers le bas de la courbe de pouls,

b - un aplatissement de la courbe du pouls, observables dans une réaction d'une durée globale au moins égale à 6 secondes.

Cette durée minimale est théorique, correspondant à la durée en dessous de laquelle il est très difficile de distinguer une réaction de stress des mouvements divers et du " bruit de fond " de la courbe. La durée globale des stress est variable: en moyenne de 16 secondes.

Appréciation quantitative de la force des stress: pour la mener à bien, je me suis appuyé sur la réaction d'épuisement qui est bien classique en physiologie et en psychologie. Pour cela j'ai envoyé successivement 32 stimuli sonores identiques à un lapin placé dans une cage d'isolement et j'ai constaté une diminution progressive de l'intensité de la réaction sur le pléthysmogramme avec aussi des modifications qualitatives.

J'ai déduit de cette étude que le stress était d'autant plus fort:

- que sa durée globale est plus longue,

- que la déflexion maximum vers le bas (vasoconstriction) est plus grande,

- que la pente de cette déflexion est plus grande (en mm/seconde),

- que le délai d'obtention de la déflexion maximum est plus court,

- que l'aplatissement de la courbe du pouls lu sur la ligne isoélectrique est plus marqué,

- qu'il existe un mouvement initial important (déflexion initiale vers le haut).

Par ailleurs, la réaction démarre de plus en plus lentement après le stimulus lorsque l'on répète celui-ci un grand nombre de fois, avec un délai de réaction qui passe de ¼ seconde pour les premiers stimuli à plus d'une seconde pour les derniers.

La bradycardie réflexe diminue aussi avec la répétition, mais elle n'est pas observable de façon constante, en particulier dans les stress forts car on ne peut la mesurer de façon précise en cas d'aplatissement important de la courbe de pouls ou d'irrégularité de celle-ci.

En période de stress, un autre stimulus ne donne que rarement une réaction caractéristique, sauf lorsqu'il survient dans la zone de vasodilatation, lorsque la courbe de pouls a refranchi la ligne isoélectrique et récupère une amplitude suffisante. Il y a donc une période d'insensibilité variable d'ailleurs avec les stress (voir l'exemple de la 3ème courbe ci-après).

 

II - PETITE REVUE DE LA LITTERATURE

SOMMAIRE

IV - CONVENTIONS D'ETUDE DES BANDES