Recherche et mise en évidence
d'un phénomène télépathique chez le lapin
Dr. Bernard THOUVENIN
Docteur en Médecine.
Juillet 1988
II - PETITE REVUE DE LA LITTERATURE
Je voudrais, dans ce chapitre, situer mon expérimentation dans la recherche parapsychologique des 35 dernières années.
A - Les expériences utilisant la pléthysmographie pour mettre en évidence la perception extra-sensorielle chez l'homme.
Ces expériences ont comme grande originalité le fait de mettre en évidence non pas la perception extra-sensorielle elle-même, mais ses conséquences physiologiques sur la vasomotricité et de pouvoir dépister ainsi, non seulement les phénomènes conscients, mais encore les phénomènes inconscients qui seraient peut-être les plus fréquents.
Après l'étude inédite de MATRICK en 1955 (15), c'est surtout le travail de FIGAR en 1959 qui servit de départ à l'expérimentation sur ce sujet (9).
Deux sujets (l'agent et le percipient), ayant le dos tourné et séparés par un épais rideau, sont enregistrés simultanément sur un pléthysmographe mécanique dans les cylindres desquels ils ont placé une main et une partie de l'avant-bras.
FIGAR constata que le travail intellectuel de l'agent, qui devait résoudre un problème de calcul simple, se traduisait par une vasoconstriction non seulement de lui-même, mais aussi du percipient qui n'effectuait aucun travail intellectuel et qui ignorait d'ailleurs la nature de l'expérience.
FIGAR a également enregistré (comme ce sera le cas dans mon expérimentation), des réactions de vasoconstriction plus ou moins simultanées entre les deux sujets, même lorsqu'il n'y a aucun stimulus: celles-ci seraient même plus nombreuses.
L'expérience marche d'autant mieux, d'après FIGAR, qu'il s'agit de deux membres d'une même famille et surtout d'une mère et de son fils.
Cette étude est intéressante et a de nombreux points communs avec mon expérimentation; en particulier, l'enregistrement simultané des deux sujets sur une seule bande, le marquage des événements, l'aspect des courbes. Elle prte cependant à la critique par la trop faible distance entre les deux sujets (2,50 m) et l'existence d'une certaine subjectivité, reconnue d'ailleurs par FIGAR, dans l'interprétation des courbes.
NASH et NASH en 1962 (16) reprennent l'expérience de FIGAR,mais de façon plus rigoureuse et dans l'expérimentation des courbes. Les deux sujets (mari et femme) sont enregistrés à grande distance l'un de l'autre ( 7 miles). Les résultats ne furent pas significatifs.
Douglas DEAN en 1962 (5) reprend l'expérience de FIGAR, mais les deux sujets sont situés cette fois dans des chambres séparées. Les résultats furent significatifs, montrant des vasoconstrictions du percipient plus importantes pendant les périodes d'observation par l'agent de cartes portant des noms connus des deux ou du percipient seul, que pendant les périodes d'observation par l'agent de cartes blanches.
Douglas DEAN et NASH (6) publient en 1967 une répétition des expériences de DEAN de 1962, mais dans des conditions plus rigoureuses et avec des sujets nouveaux.
Résultat: La moyenne d'amplitude des vasoconstrictions du percipient est trois fois plus grande pendant l'observation par l'agent d'une carte avec un nom connu de percipient que pendant l'observation d'une carte blanche.
Critique: Il n'y a pas d'enregistrement simultané du percipient et de l'agent et ils sont insuffisamment séparés (pièces contigus).
TART en 1963 (24) expérimente avec onze étudiants placés, en séances individuelles, dans une chambre insonorisée et dans l'obscurité. L'agent était lui aussi dans une pièce insonorisée. Il utilise à la fois la pléthysmographie, l'électrodermographie et l'électroencéphalographie, mais c'est avec la pléthysmographie qu'il obtient les résultats les plus significatifs (P = 0.01). A noter que l'étude de TART (comme, par la suite, la mienne) utilise la photopléthysmographie et la privation sensorielle.
Le Docteur Jean BARRY (1, 2), après avoir expérimenté aux U.S.A. avec Douglas DEAN, a réalisé avec ce dernier des expériences à grande distance destinées à mettre en évidence la télépathie par la pléthysmographie. Ces expériences ont eu lieu entre Bordeaux et New-York en aot et septembre 1966.
Il y eut dix séances de transmission au cours desquelles le Dr. BARRY était l'agent en son laboratoire de Bordeaux et Douglas DEAN était le percipient, enregistré par pléthysmographie (à l'index) au Newask College.
A chaque séance, le Dr. BARRY se concentrait successivement sur 20 cartes pendant une durée de 20 secondes. Les intervalles entre les périodes d'observation des cartes étaient déterminés par le hasard.
Il y avait 4 sortes de cartes: 5 cartes blanches, 5 cartes portant des noms écrits par Douglas DEAN percipient, 5 cartes pendant des noms choisis par l'agent, le Dr. BARRY, 5 cartes enfin, portant un nom neutre choisi par exemple dans l'annuaire du téléphone.
Résultat: On constate qu'il existe une différence significative pendant les temps correspondant à l'observation des cartes portant un nom choisi par le percipient DEAN. Les trois autres lots sont peu différents entre eux et il y a même un effet négatif lorsque les cartes portent un nom choisi par le Dr. BARRY. La probabilité statistique des résultats de l'expérience varie de 1% à 0.1% selon les tests statistiques utilisés. Il faut noter qu'un lien affectif existait entre le Dr. BARRY et Douglas DEAN et que ce facteur semble nécessaire à ce genre d'expériences.
Dans le travail de SANJAR (19) publié en 1969, on compare les réactions électrodermiques et pléthysmographiques de deux individus étroitement liés entre eux (parents et enfant, frère et soeur, jumeaux, mari et femme) et que l'on a placé dans deux pièces séparées l'une de l'autre par un couloir de 21 mètres environ. Dans une des séries, on compare aussi les réactions d'une troisième personne étrangère.
Les résultats ne sont pas très significatifs et pourraient être expliqués par des influences extérieures à l'expérience car ils s'amenuisent si l'on réduit ces influences.
SCHOUTEN (23) en 1976 étudie avec 33 paires de sujets l'effet sur l'électrodermogramme et sur le photopléthysmogramme du percipient des différents types de stimulations appliqués à l'agent. Le percipient, lui, est isolé dans une pièce insonorisée et isolée électriquement. Il constate que les stimuli sensoriels (auditifs) modifient surtout l'électrodermogramme alors que les stimuli émotionnels modifient surtout le pléthysmogramme.
HARALDSON (1970-1980) (10, 11, 12, 13) reprend la technique de DEAN et compare les photopléthysmogrammes des percipients lorsque l'agent regarde une carte blanche ou une carte portant un nom à valeur émotionnelle. Ses travaux sont surtout intéressants par la corrélation qu'ils ont montrée entre la réaction du percipient et le degré émotionnel obtenu chez l'agent par la lecture du nom inscrit sur la carte.
Enfin l'étude de HARALDSSON de 1980 est très intéressante par le tableau complet qu'il donne de tous les travaux antérieurs et de tous les résultats obtenus dans l'étude de la télépathie par la pléthysmographie.
B - Les expériences ayant pour but de mettre en évidence la faculté PSI chez l'animal.
Depuis fort longtemps, les phénomènes psychiques de type perception extrasensorielle ont été constatés chez l'animal: les exemples de chiens ou de chats qui retrouvent leur matre ou leur maison à de très grandes distances sont nombreux. Dans beaucoup de ces cas, l'hypothèse parapsychique n'est cependant pas démontrée.
Je ne passerai pas en revue toutes les expériences faites chez cet animal, me contentant d'en évoquer quelques unes qui me semblent particulièrement intéressantes.
Le physiologique russe BEKHTEREV réalise en 1920 (3) de curieuses expériences avec les chiens du dresseur DOUROV qui laissent à penser que ceux-ci réagissent directement à la pensée humaine et peuvent ainsi accomplir un ou plusieurs actes précis.
En 1952, le parapsychologue américain OSIS (17, 18) réalisa des expériences avec des chats qu'il essayait d'influencer pour qu'ils se dirigent de préférence vers le bol de nourriture qu'il leur indiquait par la pensée plutt que vers l'autre bol identique. Après de nombreuses expériences, il a pu déterminer qu'il existait une corrélation entre les désirs de l'expérimentateur et les comportements des chats.
En 1968, Rémy CHAUVIN et un de ses collaborateurs publient sous les pseudonymes de DUVAL et MONTREDON (7, 8) leurs expériences de précognition chez les souris. Ils montrèrent qu'une souris placée dans une cage bipartite pouvait, en voyant s'allumer une lampe précédant l'électrification d'une moitié de la cage, sauter de l'autre côté, évitant ainsi la décharge électrique, dans une proportion beaucoup plus grande que ne le voulait le hasard. Un dispositif distribuait le courant de façon aléatoire dans l'une ou l'autre moitié du plancher de la cage. La présence humaine n'était pas nécessaire à la constatation du phénomène qui a été retrouvé dans de nombreuses expériences faites en l'absence d'observateur aussi bien en France qu'aux États-Unis.
L'hypothèse de la précognition directe des souris est dans ces conditions la plus probable, mais celle-ci fait peut-être intervenir des phénomènes psychiques avancés qui restent à découvrir.
En 1970, SCHMIDT (20), expérimentant à Durhan (U.S.A.) avec un chat et un générateur aléatoire, a constaté que l'animal, placé dans une chambre froide, pouvait influencer ce générateur qui commandait une lampe à infrarouge, afin de recevoir davantage de chaleur que ne lui aurait octroyé le hasard.
En 1972 SCHOUTEN (21, 22) a montré que deux souris habituées à vivre ensemble et familiarisées avec un dispositif d'obtention de l'eau par réflexe conditionné, pouvaient, une fois séparées et isolées l'une de l'autre dans des cages identiques, se communiquer une information permettant à la souris n°2 de savoir quel était le bon levier à actionner pour obtenir de l'eau, ce levier étant indiqué seulement à la souris n°1 par l'allumage d'une lampe actionnée par un dispositif aléatoire. SCHOUTEN effectua de nombreux tests et obtint des résultats significatifs.
De nombreuses autres expériences ont été réalisées avec des animaux en vue de mettre en évidence leur éventuelle faculté PSI. Outre les animaux déjà cités, bien d'autres animaux ont été testés: chevaux, rats, gerbilles, hamsters, poissons, lézards, fourmis et même oeufs de poules. Il n'y a pas eu, à ma connaissance, cependant d'expérience utilisant la pléthysmographie chez l'animal, ce qui m'a encouragé à explorer cette voie.
C - Les expériences PSI utilisant les écrans ou la distance entre les deux sujets.
La cage de Faraday ne constitue pas un écran à la transmission des phénomènes PSI. Ce fait a été vérifié dans de nombreuses expériences, mais c'est VASSILIEV (25), physiologiste russe, qui le mit en évidence pour la première fois en construisant une cabine expérimentale pour isoler les sujets des champs électromagnétiques.
Les autres écrans, expérimentalement, n'influent pas non plus sur l'E.S.P.,sauf parfois psychologiquement chez l'homme si leur présence est connue.
La distance entre les sujets n'empêche pas la transmission
télépathique comme l'a bien montré VASSILIEV
(25) et plus récemment BARRY et DEAN (1, 2), comme nous
l'avons déjà relaté, dans leurs
expériences entre Bordeaux et New-York.
III - ETUDE PHYSIOLOGIQUE DU STRESS DU LAPIN PAR LA METHODE DE PHOTOPLETHYSMOGRAPHIE |