LAURIOLE (Hérault)
site indiqué comme « curiosité »

Google Earth : 43°20'52.74"N, 2°40'17.32"E



image de la côte

26/03/1995

 

Objet :

Une route pentue est indiquée comme curiosité en raison du fait que lorsqu'on y place un objet roulant ( voiture, bille métallique ou non ) ou un liquide, le déplacement s’effectue vers le haut de la côte.

Lorsqu’on discute du cas avec les gens connaissant l’existence du lieu, plusieurs avis sont émis, et en particulier :

- illusion d’optique
- effet magnétique
- anomalie gravifique

Mais, on s’aperçoit que dans tous les cas, les gens émettant leur avis avec la plus grande vigueur ne sont jamais, eux-même, allé sur le site, et que les autres n’ont fait en tout et pour tout que placer une voiture au point mort sur la route, ou fait rouler un objet pour certifier l’anomalie.

Il est à noter que quelques personnes (rarissimes!) annoncent sans équivoque, dès leur arrivée sur le lieu, qu’elles voient une pente descendante.

Avec quelques amis, nous avons décidé de nous rendre sur place.


situation de LAURIOLE (en haut à gauche)
par rapport à NARBONNE (en bas à droite)

Méthode de mesure :

Il est entendu que poser un objet roulant pour certifier la pente est hors de propos. Il apparaît également que placer un niveau à bulle est totalement inadéquat. Pour illustrer ce dernier point, imaginons nous trouver plongé dans un champ magnétique non négligeable (environnement dense de béton armé par exemple), toute mesure avec une simple boussole sera parasitée, voire totalement fausse. Ce n’est pas la boussole qui doit être remise en cause, mais les conditions d’utilisation Pour les mêmes raisons, nous ne pouvons pas utiliser le niveau à bulle dans un environnement gravifique supposé perturbé. Ces deux méthodes (objet roulant ou niveau à bulle) sont donc totalement inadaptées, car référencées, elles-mêmes, à l’hypothétique phénomène.

Si nous développons l’exemple du niveau à bulle :

- un observateur énonçant « la route monte !», parcequ’il la « voit » monter, observera que le niveau à bulle va à l’encontre de ce qu’il « voit » d’où la mise en évidence de l’anomalie. - un observateur énonçant « la route descend ! », parcequ’il la « voit » descendre, observera que le niveau à bulle lui donne raison, d’où la mise en évidence du caractère normal du site.

Nous voyons donc que le niveau à bulle ne pourra que conforter l’observateur dans sa décision arbitraire, établie préalablement à sa mesure.

Il apparaît donc que la mesure, quelle qu’elle soit, doit être référencée à un élément indépendant de l’objet à caractériser. Dans ce cadre, nous avons choisi d’utiliser un niveau BILD, placé hors influence (toujours hypothétique) du site, et en promenant la règle (celle-ci étant, de part sa nature, hors influence magnétique ou gravifique), sur la portion de route.

Ce n’est qu’après avoir établi l’anomalie (s’il y a lieu), par cette méthode, que nous pourrons chercher à la caractériser par le mouvement d’un objet roulant référencé à des repères posés au sein de l’anomalie, ou par tout autre moyen.

 

Mesures effectuées:

 

Grâce à René M. avons utilisé un niveau BILD -placé hors influence-, les mesures étant effectuées sur des croix de repérages, rectilignes, marquées au sol, à partir du niveau BILD, et sur toute la longueur de la route.

 
Deux séries de mesures ont été effectuées. La deuxième a été effectuée à partir d’un point, toujours en alignement sur la ligne des repères, mais éloigné de 12 m.

- mesure de distance entre les repères : 2,94 m = 1 U.
- la hauteur de la mire est mesurée en mètres. Il faut préciser ici, que par ce procédé, lorsque l’on compare deux points, si la valeur mesurée pour le deuxième point est supérieure à celle du premier point, cela veut dire que le deuxième point est au-dessous du premier. De la même manière, si la deuxième mesure est inférieure à la première, cela veut dire que le deuxième point est plus « haut » que le premier.

 

1 ère série de mesures :

1ère série de mesures (en tableau)

Une vérification du nombre de points de mesures a montré une erreur de manipulation lors des relevés. On obtient 1 point de mesure de trop. En conséquence, nous éliminons cette série pour nous concentrer sur la seconde. Mais nous ne manquons tout de même pas de remarquer que la pente semble négative, c’est à dire que la côte « descend ».

 
2ème série de mesures :

2ème série de mesures (en tableau)

2ème série de mesures (graphique)

Il apparaît, sans ambiguïté, que la pente est négative.

Conclusion :

Le site gardera sa caractéristique de « curiosité », mais non plus comme anomalie géographique, mais comme très belle illusion d’optique.