On a souvent critiqué les voyant(e)s en se contentant de
comparer certaines de leurs prédictions aux
événements tels qu'ils se produisirent
réellement. Les sceptiques patentés sont passés
maîtres dans ce genre de "démonstration"
facile qui ne demande que peu de reflexion.
Or, en 1978, dans un livre malheureusement trop peu connu, le
journaliste Jean-Pierre Desmond et le sociologue Pierre Goulène
proposèrent une critique de la voyance basée sur une
recherche bien plus approfondie. Après avoir dressé un
historique du sujet assez complet, ils démontaient les
mécanismes de "l'entreprise commerciale" qu'est
devenue la voyance. Ainsi expliquaient-ils que certains voyants en
recommendaient d'autres qui, n'en déplaise à leurs
pseudonymes très différents n'en étaient pas
moins de proches parents. Mieux: une agence publicitaire s'occupant
principalement des encarts réservés aux voyant(e)s
était dirigéee par le chef de publicité de la
revue "Astres" qui était elle-même
l'épouse du Directeur de publication de ce périodique.
Certains voyant(e)s possédaient deux résidences: l'une
à la ville et l'autre dans le midi. Afin de profiter souvent
du soleil, ces personnages peu scrupuleux consultaient des deux
côtés, selon un horaire bien organisé.
Entre cent anecdotes, il faut rapporter celle-ci qui est la meilleure...
A la fin des années 60, le plus célèbre
astrologue français, André Barbault (maître
spirituel de Françoise Hardy) créa l'ordinastral,
un ordinateur qui délivrait un dossier psycho-astrologique
pour 70 FF. Michel Gauquelin, qui crut longtemps partiellement
à l'astrologie, testa la machine en lui soumettant les
coordonnées de 10 grands criminels, sans bien entendu
révéler leur identité. La machine délivra
pour ces monstres des portraits psychologiques qui auraient
parfaitement convenu à de braves gens. Elle prédisit
même pour bientôt des engagements sentimentaux au docteur
Petiot qui était monté sur l'échafaud dès
1946! Gauquelin fit mieux. Il publia une annonce vantant les
mérites d'un autre prétendu horoscope
électronique, et aux 150 personnes qui lui écrivirent,
il adressa gratuitement l'horoscope que la machine d'André
Barbault avait réalisé avec les coordonnées du
Dr Petiot. Eh bien, 94% des gens se reconnurent dans ce portrait et
l'en remercièrent chaleureusement! Ce dernier
révéla publiquement les tests qu'il avait
effectués, mais cela n'empêcha pas Barbault de
créer ensuite le célèbre astroflash...
Marc HALLET,
Liège, le 23 août 1997